En parallèle des portraits d’ouvriers ou d’immigrés qu’il dresse dans ses expositions, Grégoire Favre poursuit un vaste chantier introspectif en réalisant des autoportraits. Il revisite ainsi l’histoire de ce genre artistique et interroge, à la manière de Rembrandt, sa propre identité, avec ironie, obsession, inventivité, angoisse, faisant de son visage un espace perpétuellement en mouvement, se redéfinissant sans cesse et se multipliant à l’infini, de croquis en peintures, de photomatons en selfies, de collages en découpages.
« Je est un autre », aimait se rappeler l’artiste en lecteur fidèle d’Arthur Rimbaud. Cette phrase du poète maudit entrait d’autant plus en résonance avec sa vie qu’il souffrait secrètement de troubles bipolaires et dysmorphophobiques.
Les autoportraits sont au cœur du travail pictural de l’artiste et de ses carnets nommés Black Albums, véritable laboratoire de formes où l’artiste libère sans tabou toute sa créativité et ses souffrances intérieures. Le monde se heurte sans cesse au retour du visage de l’artiste, photographié et dessiné au fil des ans. Sa figure se fait miroir du temps et du monde. L’histoire individuelle rencontre la grande histoire dans un chassé-croisé constant, comme une manière de remettre au centre l’individu dans un monde déshumanisé ou de montrer la vanité et la violence de l’individualisme occidental face à la barbarie et aux catastrophes qui accablent le monde.






Fonds Autoportraits
Le fonds rassemble un grand nombre d’autoportraits inédits (peintures, dessins, collages, photographies, etc.), réalisés entre 2003 et 2016.